jeudi 18 mars 2010

Mission Gouyer, Martinique, mars-avril 2010


L’opération « site Gouyer » ou « site aux céramiques », se situe dans le département de la Martinique (972), dans la commune de Saint-Pierre. La ville, capitale de la Martinique jusqu’en 1902, est détruite par l’irruption volcanique de la montagne pelée qui fait plus de 30 000 morts et ensevelit le port.

Les premiers colons de Martinique s'installent à Saint-Pierre dès 1635 et de là, partent à la conquête du reste de l'île. La ville se développe grâce à l'industrie sucrière et au commerce des esclaves. Le port de Saint-Pierre attire alors des navires et marchands de toute la métropole et notamment de Provence. Surnommée le Petit Paris, le Paris des Isles, la Perle des Antilles ou encore la Venise tropicale, la ville est alors le chef-lieu mais aussi la capitale économique et culturelle de toutes les Antilles, véritable plaque tournante d’un intense commerce maritime international.

L’opération d’archéologie sous-marine, prévue en mars 2010, sera portée par l’association Arkaeos, sous la responsabilité du DRASSM. Elle consistera à évaluer et préciser l'identification du gisement sous-marin qui semble constituer un important témoignage des échanges maritimes en mer caraïbe du XVIIe au XXe siècle. Compte tenu de la situation de ce gisement, les hypothèses les plus vraisemblables renvoient à l’un ou l’autre des évènements dramatiques qui marquent la vie de Saint-Pierre au tournant du XIXe et du XXe siècle : soit l’ouragan terriblement destructeur de 1891 ou l’éruption de 1902. Au vu des coordonnées du gisement signalé depuis les années 1980 par M. Météry, il pourrait s’agir des restes d’un des chalands de débarquement des goélettes qui mouillaient en eau profonde dont certaines vues contemporaines montrent le déchargement. Les assemblages visibles sur la plage, composés de céramiques d’origine provençales, semblent correspondre à ce que les ramassages effectués sur le site subaquatique Gouyer donnent à voir.

En octobre 2009, Yves Billaud, du DRASSM a réalisé une prospection sous-marine à vue. Le site se situe sur la côte, près du ponton de la Quincaillerie Gouyer. L’emprise des vestiges se présente comme un vaste champ de tessons - grands carreaux épais, tomettes à surface vernissée, tuiles mécaniques, marmites, poêlons et jattes - entre 8 et 12 m de profondeur, se détachant par place du fond de sable, dans une eau cristalline.

L’axe de recherche consistera donc à déterminer s’il s’agit d’un ou de plusieurs naufrages en lien ou pas avec les évènements de 1891 ou de 1902. Cette étude s’inscrit dans une première collaboration scientifique entre le Ministère de la culture et son Département des recherches en archéologie sous-marine(DRASSM), le Laboratoire archéologique médiéval méditerranéen (LAMM/CNRS/UMR6572) et l’association Arkaeos et entre dans le cadre du PCR « Poteries des îles françaises d’Amérique ».




Le matériel prélevé, après restauration, sera présenté lors de l’exposition, prévue sur place en 2011 au côté de celui issu de la fouille terrestre des niveaux de Saint-Pierre scellés par l’éruption de la Montagne Pelée, dont l’étude par les chercheurs du LAMM est en cours d’achèvement.





Laurence Serra et Henri Amouric





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