dimanche 23 septembre 2012

Baie de Saint-Pierre 2012 : fouille programmée du mouillage historique



24 septembre 2012 : La troisième campagne de fouille programmée du mouillage historique de la Baie de Saint-Pierre menée en collaboration avec le DRASSM et le LA3M UMR 7892 se déroulera en Martinique du 24 septembre au 28 octobre.
L’opération 2012, placée sous la direction de Laurence Serra (LA3M-ARKAEOS), dans le cadre du PCRI Poteries locales et importées dirigé par Henri Amouric, directeur de recherches, directeur du LA3M, visera à poursuivre l’étude stratigraphique de ce port au mouillage destiné à l’importation de toutes sortes de marchandises en provenance de toute l’Europe entre 1620 et 1902.

samedi 22 septembre 2012

Baie de Saint-Pierre 2011 : fouille programmée du site Dobban


 Ponton de débarquement de la baie de Saint-Pierre en 2011
(cl. P. Groscaux LA3M/CNRS)

L’opération de fouille programmée en 2011 fait suite à la campagne de sondages de 2010. Elle est mise en œuvre par Arkaeos en étroite collaboration avec le DRASSM (Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines) et la DRAC Martinique (Direction Régionale des Affaires Culturelles). Elles est programmée dans le cadre du PCRI Poteries des îles locales ou importées sous la direction d'Henri Amouric LA3M/Université Aix-Marseille/CNRS.

Mise en place du chantier Site dobann (cl. P. Groscaux LA3M/CNRS)
L’action a consisté à identifier une zone de mouillage riche principalement en mobilier céramique apparent depuis la première couche de sable fin, importé et de fabrication locale, qui témoigne de  l’histoire des échanges maritimes de Saint-Pierre avec les ports des royaumes d'Europe dans une période chronologique qui s'étend du XVIIe siècle à 1902. Ces vestiges se composent majoritairement de céramiques vernies : matériaux de construction (briques, malons, tuiles), vaisselle culinaire ou domestique (marmites, poêlons, jarres, tians), mais aussi de nombreuses bouteilles en verre noir importées de toute l’Europe du Nord. Ces vestiges témoignent de l'activité importante du port de Saint-Pierre pendant trois siècles (XVIIe, XVIIIe, XIXe) et sont à mettre en relation avec les nombreuses archives (manifestes de port et cartes postales anciennes).

Plan général des fouilles, sondages et prospections à l’emplacement du mouillage historique


Il ne semble pas qu'il s'agisse précisément d'épaves mais plutôt d'un dépotoir portuaire où les accumulations seraient le résultat de rejets liés à l'activité marchande,  à la vie au mouillage, mais aussi à la conséquence de plusieurs ouragans, durant ces trois siècles et, en dernier lieu, de l’éruption volcanique de 1902.

Accumulation de marmites et blocs de granit (lest ?), secteur 2 site Dobann
(cl. P. Groscaux LA3M/CNRS) 

Sur le plan historique, ces découvertes intéressent directement la connaissance des cultures matérielles des colonies françaises d'Amérique et en particulier celle des Petites Antilles. A travers ce programme de recherches sous-marines, se développent des problématiques et des perspectives archéologiques nouvelles concernant ces régions d'Amérique où, du moins pour la période coloniale moderne, aucune équipe de recherche métropolitaine ne s'est investie, jusqu'au programme récemment mis en place par l'équipe du LA3M, dirigée par Henri Amouric et auquel l'opération Rade de Saint-Pierre est intégrée.

Petite carafe (à gauche) et pot à mélasse (à droite) de production locale issues du gisement Dobann semblables aux formes présentées par les cartes postales anciennes (ci-dessus) et copiées des modèles provençaux importés (ci-dessous, au centre) (carte postale. Coll. ANOM, cl. P. Groscaux LA3M/CNRS, Catalogue Marius Decroix – Manufacture de faïences et poteries Aubagne, sans date)


Plomb de douanes des tabacs
(cl. P. Groscaux/LA3M/CNRS)

Napoléon en cuivre
(cl. P. Groscaux/LA3M/CNRS)

Sur le plan local, l’opération a été réalisée en vue de développer l’archéologie sous-marine en Martinique en formant deux stagiaires plongeurs de Fort-de-France aux techniques de fouille, de prospections, de dessins et de conservation préventive ainsi qu’à la législation régissant les biens publics maritimes. De plus, l'ensemble des vestiges archéologiques ont été prélevés et étudiés en vue de la première exposition patrimoniale des vestiges des époques modernes qui devrait voir le jour en 2013.


Formation des stagiaires. (cl. P. Groscaux LA3M/CNRS)





Parallèlement à l’opération sur le terrain, une importante campagne de communication a été menée localement (journal télévisé, presse écrite, conférences publiques auprès des pêcheurs, soirée de présentation publique en mairie, présentation auprès des élus locaux à la maison du patrimoine de Saint-Pierre, visite d'une école sur site, présentation orale quotidienne par l’ensemble de l’équipe auprès des habitants et touristes informés par la présence d’un panneau exposé sur site. Ces différents indicateurs témoignent de l'intérêt porté à nos recherches et à leur poursuite.

Présentation publique organisée par la mairie de Saint-Pierre le 27 octobre 2011
en présence de M. le maire, de Michel Metery et d’Albert Falco 
(cl. P. Groscaux/LA3M/CNRS)



L’étude scientifique, sous la direction de Laurence Serra (Arkaeos/docteur et chercheur associé LA3M), donne lieu à de nombreuses collaborations.



Travail à la base (cl. P. Groscaux LA3M/CNRS)



L’étude des céramiques est assurée par l’équipe du LA3M représentée par Gaëlle Dieulefet (doctorante), Lucy Vallauri et Guergana Guionova. L’analyse des sources écrites est réalisée par Henri Amouric (directeur de recherche, directeur du LA3M/UMR 9872).

(dessins de céramique G. Dieulefet, LA3M)


















L’étude de terrain est partagée entre Fabrice Laurent (Arkaeos/doctorant Lyon II) et Yves Billaud (ingénieur de recherches, DRASSM/MCC). LDRASSM était également représenté durant l’opération par (Frédéric Leroy (ingénieur d’études, responsable de l’Outre-mer).

Relevés stratigraphiques secteur 2 et 4 (cl. P. Groscaux/LA3M/CNRS,
relevés Y. Billaud, DRASSM/MCC et F. Laurent, Arkaeos)


Jean-Luc Verdier (Arkaeos) assure la mise en place du chantier et la sécurité hyperbare. L’ensemble de la couverture photographique est réalisée par Philippe Groscaux (LA3M/CNRS).

Une des missions de l’opération a été de réaliser l’inventaire et le conditionnement de chaque objet ou lot remonté en 2010. Les vestiges sont conservés à Saint-Pierre, au dépôt de la Maison du Génie. L’inventaire 2011, a également été réalisé dans sa première phase de conservation préventive. Chaque objet ou lot est accompagné d’une étiquette résistante à l’eau pendant le dessalement. Durant notre séjour, le taux de salinité des caisses de dessalement a été testé à chaque changement d’eau à l’aide d’un conductimètre selon les méthodes enseignées par la cellule conservation-restauration du DRASSM. Une formation a été donnée aux agents du SRA Martinique en charge de réaliser les tests et de nous communiquer l’évolution du dessalement après notre départ.

Inventaire du mobilier 2010 après séchage(cl. L. Serra/Arkaeos/LA3M)

Parallèlement à l’étude archéologique, une analyse géomorphologique a été réalisée par Guillaume Lalubie, docteur en géographie associé à l’AIHP- GEODE, Université Antilles Guyane. Elle consiste à faire parler la sédimentation des secteurs dégagés. Cette collaboration inscrit l’opération dans un contexte d’échange avec les programmes d’études locaux.

vendredi 21 mai 2010

Nouvelle image !

Ce n'est pas Saint-Pierre mais Fort de France. Les quantités d'objets sont cependant comparables.
A vous de les compter !

jeudi 6 mai 2010

Et maintenant ?

Et maintenant, qu'advient-il des objets ?

Nous reprenons ici un encadré de l'article de France-Antilles du vendredi 9 avril 2010 :


A qui appartiennent les objets trouvés sous l'eau ?
Avant, les découvreurs de biens sous-marins français pouvaient réclamer 30% du trésor.
Mais la loi relative aux biens culturels maritimes du 1er décembre 1989 a changé la donne : l'État en assure seul la gestion et la conservation. Cette loi a fait chuter de manière drastique le nombre de découvertes déclarées. Un arrêté a donc corrigé le tir sept ans plus tard et permet à l'État d'attribuer des récompenses aux découvreurs, jusqu'à 200 000 euros.
Qu'est-ce qu'un bien culturel maritime ? Selon la loi : « les gisements, épaves, vestiges ou généralement tout bien représentant un intérêt préhistorique, archéologique ou historique... situés dans le domaine public maritime ou au fond de la mer dans la zone contiguë » . Un plongeur qui fait une découverte est tenu de la laisser en place sans y porter atteinte. Afin que sa découverte soit reconnue, un formulaire doit être envoyé dans les 48h à la Direction Départementale des Territoires de la Mer (pour la Métropole), à la Direction Départementale des Affaires Maritimes (pour les DOM-TOM).
À sa conscience de savoir si l'appât illégal du gain est plus fort que le désir de faire profiter l'humanité de sa découverte... Les objets ne sont pas muets mais racontent des histoires! Au niveau international, c'est la convention de l'Unesco sur la protection du patrimoine culturel subaquatique, du 6 novembre 2001, qui régit la préservation de ces biens culturels. Ainsi, 22 pays ont aujourd'hui ratifié le document.

http://www.martinique.franceantilles.fr/regions/departement/le-musee-englouti-de-la-baie-de-saint-pierre-09-04-2010-68150.php

et voici un aperçu de la version papier :

Où sont-ils stockés ?
A Saint-Pierre, dans un dépôt archéologique du SRA.

Pendant trois mois, les céramiques seront traitées pour être dessalées.
Les objets les plus remarquables pour l'information qu'ils apportent aux chercheurs ont déjà été photographiés.




Vous pourrez trouver une première présentation de notre travail à l'occasion du "Mai de Saint-Pierre" pour lequel un panneau a été réalisé.
Un retour espéré de l'équipe de fouille l'an prochain permettrais, en partant des résultats de cette année, de creuser un peu plus loin dans cette histoire.

mercredi 21 avril 2010

au revoir

Dernier jour avant le départ, derniers moments à partager, dernières rencontres chaleureuses en Martinique.
Ce soir, Monsieur Raphaël Martine, maire de Saint-Pierre, a partagé notre dernier repas pérotin. A cette occasion, il nous a remis les armoiries de la ville, nous remerciant d'avoir contribué à enrichir le patrimoine historique de sa commune !

Annie Noé Dufour et Bernard Loncan nous ont également accompagnés lors de ce dernier dîner dans le merveilleux cadre du restaurant 1643, au Carbet.





mardi 13 avril 2010

Les coupes. Technique

C'est la technique finale de relevé du sondage avant de le refermer.
C'est une section verticale du terrain, destinée à faciliter la lecture de la succession des couches déposées par la nature ou par l'homme.
En voici deux exemples :

Sandra Greck prépare sa coupe
et voici le résultat


Un autre exemple qui montre l'écart entre ce que perçoit le dispositif photographique et ce qui est relevé et détaillé grâce au dessin :




jeudi 8 avril 2010

l'aspirateur à sédiments, ou suceuse à eau


Au fil du temps, les vestiges sont recouverts par les sédiments.
Par exemple une épave peut s'enfoncer dans le substrat et être recouverte par de nouveaux apports sédimentaires.
Pour accéder aux couches plus anciennes, nous avons été obligés de dégager les sédiments (vase, sable, dépôts de pierres)
Depuis la surface, sur le bateau, une moto-pompe aspire de l'eau et la propulse dans une lance-incendie vers un Y en PVC ; l'effet Venturi fait le reste :
http://archsubgras.free.fr/technique/suceuse.html#debut
Les sédiments sont alors rejetés à l'extérieur de l'espace délimité du sondage.

Ici, Jean-Luc Verdier impassible sous les sunlights

Il faut sélectionner et observer ce qui est aspiré : une main guide le flexible et l'autre balaie délicatement le sédiment pour dégager la zone à étudier.

ici, Sandra Greck lors d'un nettoyage pour la photo

et ici, Marine Jaouen entre tian et marmite !

vendredi 2 avril 2010

Technique : les sondages

Afin de répondre à une des prescriptions particulières à l'opération : préciser l'extension maximale, la superficie, l'homogénéité et la nature de ce site archéologique, nous avons procédé à la mise en place d'un carroyage partout où des poteries étaient visibles en surface.
Le site ainsi couvert représente 2000 m2.
L'observation a permis d'implanter les sondages dans trois zones de concentration A1, A4 et C1.



A1

C1

A4

Dans les autres carrés, nous avons opéré un ramassage de surface pour évaluer la diversité et l'homogénéité des échantillons. Dans les carrés vers le large (sud-ouest), les poteries de surface ont roulé (cassures usées, présence de faune marine...) et en dégageant le sable, rien n'apparaît ; alors que dans les carrés à fortes concentrations, les poteries extraites sous 10 cm de sédiments sont fraîches.

Puisqu'il s'agit d'une année de sondage et non de fouille, nous ne faisons pas de ramassage systématique de tous les vestiges. La première raison tient à l'intitulé du PCRI (Projet Collectif de Recherche Interrégional) : Poteries des îles françaises de l'Amérique. Productions locales et importées, XVIIe-XXe siècles.
Nous nous concentrons donc sur le prélèvement des céramiques. Et seuls des échantillons des différents types d'objets en terre cuite sont remontés pour étude.
Ce choix suit également l'article 6 de l'autorisation d'opération délivrée par le DRASSM et qui indique de "limiter à la taille et au nombre nécessaire" les sondages ainsi que les échantillons prélevés afin d'identifier l'existence d'une épave ou d'une zone de mouillage, d'estimer l'état de conservation des vestiges et de préciser la nature des cargaisons.
Le DRASSM demande par ailleurs de "vérifier l'éventuelle présence d'éléments de structures, notamment de coques". Néanmoins le service ne donne pas l'autorisation de remonter du bois, des matières organiques (cuir de chaussures...) ou des éléments métalliques. Car ceux-ci, extrêmement réactifs à la lumière et à l'air demandent des procédures de conservation et de restauration coûteuses et contraignantes pour le dépositaire des collections (SRA Martinique).

Avant d'être prélevés, les échantillons sont photographiés en place et positionnés sur le plan général des sondages.

Parfois, l'archéologue éprouve la satisfaction de remonter à la surface un objet entier en pensant peut-être à la jolie pièce à montrer au public lors de l'exposition prévue en 2011. Cependant tout objet archéologique, s'il n'est pas raccordé à son contexte, ne nous livre que très peu d'informations. Par exemple nous avons observé que dans les différentes couches du sondage les empilements de poteries apparaissent "retournés", ce qui va dans le sens de l'hypothèse d'un renversement du navire lors du naufrage. Un simple ramassage du bel objet ferait l'impasse sur la diversité des marchandises mais aussi sur l'organisation spatiale du chargement (matières pondéreuses en fond de cale et au centre du navire pour équilibrer la gite de celui-ci...).

Pour étudier ces contextes, on utilise la technique de la coupe stratigraphique.
Une coupe stratigraphique permet de mettre en évidence les différentes couches présentes qui sont autant de différents phénomènes liés à l'activité humaine. Celles-ci sont distinguées les unes des autres par leurs caractéristiques physiques et leur mobilier. La coupe stratigraphique constitue donc un panorama de cette activité à un endroit donné, de la première trace de présence humaine à aujourd'hui. Dans le cadre d'une coupe sous-marine, les différentes couches se rattacheront toutes au même évènement : un naufrage par exemple. Sauf dans le cas ou plusieurs naufrages se sont succédés au même endroit (épaves du grand Congloué à Marseille).
Dans le cas qui nous occupe, dans la baie de Saint-Pierre, une épave de 1902 aurait très bien pu recouvrir une autre épave plus ancienne due à un ouragan. Le site peut s'avérer plus complexe qu'il ne paraît.