Afin de répondre à une des prescriptions particulières à l'opération : préciser l'extension maximale, la superficie, l'homogénéité et la nature de ce site archéologique, nous avons procédé à la mise en place d'un carroyage partout où des poteries étaient visibles en surface.
Le site ainsi couvert représente 2000 m2.
L'observation a permis d'implanter les sondages dans trois zones de concentration A1, A4 et C1.
A1
C1
A4
Dans les autres carrés, nous avons opéré un ramassage de surface pour évaluer la diversité et l'homogénéité des échantillons. Dans les carrés vers le large (sud-ouest), les poteries de surface ont roulé (cassures usées, présence de faune marine...) et en dégageant le sable, rien n'apparaît ; alors que dans les carrés à fortes concentrations, les poteries extraites sous 10 cm de sédiments sont fraîches.
Puisqu'il s'agit d'une année de sondage et non de fouille, nous ne faisons pas de ramassage systématique de tous les vestiges. La première raison tient à l'intitulé du PCRI (Projet Collectif de Recherche Interrégional) : Poteries des îles françaises de l'Amérique. Productions locales et importées, XVIIe-XXe siècles.
Nous nous concentrons donc sur le prélèvement des céramiques. Et seuls des échantillons des différents types d'objets en terre cuite sont remontés pour étude.
Ce choix suit également l'article 6 de l'autorisation d'opération délivrée par le DRASSM et qui indique de "limiter à la taille et au nombre nécessaire" les sondages ainsi que les échantillons prélevés afin d'identifier l'existence d'une épave ou d'une zone de mouillage, d'estimer l'état de conservation des vestiges et de préciser la nature des cargaisons.
Le DRASSM demande par ailleurs de "vérifier l'éventuelle présence d'éléments de structures, notamment de coques". Néanmoins le service ne donne pas l'autorisation de remonter du bois, des matières organiques (cuir de chaussures...) ou des éléments métalliques. Car ceux-ci, extrêmement réactifs à la lumière et à l'air demandent des procédures de conservation et de restauration coûteuses et contraignantes pour le dépositaire des collections (SRA Martinique).
Avant d'être prélevés, les échantillons sont photographiés en place et positionnés sur le plan général des sondages.
Parfois, l'archéologue éprouve la satisfaction de remonter à la surface un objet entier en pensant peut-être à la jolie pièce à montrer au public lors de l'exposition prévue en 2011. Cependant tout objet archéologique, s'il n'est pas raccordé à son contexte, ne nous livre que très peu d'informations. Par exemple nous avons observé que dans les différentes couches du sondage les empilements de poteries apparaissent "retournés", ce qui va dans le sens de l'hypothèse d'un renversement du navire lors du naufrage. Un simple ramassage du bel objet ferait l'impasse sur la diversité des marchandises mais aussi sur l'organisation spatiale du chargement (matières pondéreuses en fond de cale et au centre du navire pour équilibrer la gite de celui-ci...).
Pour étudier ces contextes, on utilise la technique de la coupe stratigraphique.
Une coupe stratigraphique permet de mettre en évidence les différentes couches présentes qui sont autant de différents phénomènes liés à l'activité humaine. Celles-ci sont distinguées les unes des autres par leurs caractéristiques physiques et leur mobilier. La coupe stratigraphique constitue donc un panorama de cette activité à un endroit donné, de la première trace de présence humaine à aujourd'hui. Dans le cadre d'une coupe sous-marine, les différentes couches se rattacheront toutes au même évènement : un naufrage par exemple. Sauf dans le cas ou plusieurs naufrages se sont succédés au même endroit (épaves du grand Congloué à Marseille).
Dans le cas qui nous occupe, dans la baie de Saint-Pierre, une épave de 1902 aurait très bien pu recouvrir une autre épave plus ancienne due à un ouragan. Le site peut s'avérer plus complexe qu'il ne paraît.